Années 1972-1974
Le groupe Queen, sous l’influence de son chanteur et pianiste † Freddy Mercury fait explicitement référence à la tradition de l’opéra et affirme astucieusement son identité britannique © Queen (https://www.queenonline.com/freddie_mercury)
• Argus (1972)
>Wishbone Ash
- Référence: Argus; MCA Records
Argus, album de référence du groupe Wishbone Ash, résonne comme un hymne à la guitare. Sa pochette, dessinée par Hipgnosis, pourrait faire référence au roi Arthur, témoin le titre célèbre The King will come. © Hypgnosis/MCA
Sur la pochette: un étrange soldat (le géant soldat aux 100 yeux, allusion aux Voyages de Gulliver? au mythe du Roi Arthur?) veille, en regard d’une montagne dans la brume… Je m’en souviens particulièrement parce que ce fut l’une des premières choses que je remarquai en entrant dans une maison amicale [Comment ne pas se souvenir, ici, de vous, très chère † Maria?]. Dans laquelle il nous arrivait de parler musique, bien sûr, mais aussi histoire médiévale et religion… En écoutant monter la «rumeur» inoubliable de l’armée du «Roi qui viendra». L’introduction de The King will come me suffit à dire ce que je perçois, dans tout l’album, d’équilibre (entre rythmes contrastés, parties vocales et instrumentales, sons des instruments, rythmes, envolées et mélodie de la guitare)…
Un opus généreux que l’on peut écouter comme un «album concept». Trop? Je ne suis pas allé plus avant dans l’aventure de Wishbone Ash, formation originaire du Devon et de Londres. L’album a connu une diffusion limitée (100 000 exemplaires certifiés), essentiellement au RU.
Andy Powell (guitares, chant); Ted Turner (guitares, chant); Martin Turner (basse, chant); Steve Upton (batterie, percussions)
Source: Wishbone Ash (https://fr.wikipedia.org/wiki/); Argus (https://fr.wikipedia.org/wiki/Argus_(album)
Titres Playlist: The King will come, Warrior
L’un des albums culte de l’histoire de la pop-music et, pourquoi pas, de la musique du XXe siècle, pour la qualité de sa plastique musicale, mais aussi pour sa pochette remarquable. ©Hypgnosis/Harvest
• The Dark Side of the Moon (1973)
>Pink Floyd
—The Dark Side of The Moon; Harvest EMI; Harvest Capitol
A mon sens (généralement partagé par les critiques), l’un des albums culte de l’histoire de la pop-music et, pourquoi pas, de la musique du XXe siècle. D’abord par ce son exceptionnel d’une pureté quasi diamantaire (métaphore du fameux prisme figurant sur la pochette), d’une plastique unique. Ensuite par la qualité mélodique et de contenu de l’ensemble des chansons – je pense particulièrement à Time, Money, Us and Them. Et encore par la maîtrise technique du quatuor londonien, qui transmute des expérimentations de concerts (1972) en compositions d’une très grande netteté, au comble de l’achevé. On ne trouve plus ici, comme dans Atom Heart Mother, Meddle, voire Ummaguma et, plus tard, Wish You were Here, une grande plage symphonique, par opposition à des morceaux courts qui empruntent au blues, au folk, à la pop, mais une unité harmonique de type album concept. Quoiqu’il en soit, on ne s’étonnera pas qu’il ait généré près de 25 millions de ventes (certifiées), aux USA, au RU, mais aussi en France (près de 3 millions).
C’est comme à propos de Paris et de celui qui ne l’a jamais vu… On ne peut pas ne pas écouter ce disque. [Je sais que vous en êtes d’accord, mon cher James ?] Et comme c’est agaçant de devoir en cibler un épisode, parce que je pourrais plaider la cause de toute la discographie du groupe, à l’exception de Relics et des albums post 1979.
Roger Waters (basse, synthétiseurs, effets sonores, chant, chœurs); David Gilmour : (guitares, synthétiseurs, chant, chœurs); † Richard Wright (claviers, synthétiseurs, chant, chœurs); Nick Mason (batterie, percussions, effets sonores) + Dick Parry (saxophone); Clare Torry (chant); Leslie Duncan, Barry St. John, Liza Strike, Doris Troy (chœurs)
Source: The Dark Side Of The Moon (https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Dark_Side_of_the_Moon)
Titres Playlist: Us and Them; Time
• Hello (1973)
>Status Quo
—Hello ; Vertigo Records
La posture des musiciens de Status Quo sur scène est quasiment «iconique» et inspirera les groupes de Hard-Rock et Heavy Metal à venir. © Vertigo
S’il y a une image «iconique» de la scène rock (mouvements de tête, posture des guitaristes…), c’est bien celle du quatuor londonien Status Quo, expert en boogie et rock’n roll à l’américaine, qu’on peut considérer comme un pionnier de la mouvance Hard-Rock. C’est du labeur honnête, direct, sans fioritures, et très entrainant. Hello marque le sommet de la carrière du groupe, avec son titre emblématique Caroline. Il a eu une audience restreinte, toutefois, avec 200 000 exemplaires vendus, entre RU et France (100 000).
Si je ne devais pas suivre très longtemps cette aventure, je me revois, un soir de novembre 1979 ou 1980 à Colomiers, en compagnie des amis Thierry/Titou, † René, Jean-Marc/Grand Bob, pour un set au Hall Comminges. C’était alors un hangar plutôt qu’une salle, quasiment perdu au milieu des champs, qui nous fit un peu craindre de ne pouvoir être au rendez-vous, et pas forcément des plus adaptés pour un tel torrent sonore.
Francis Rossi (chant, guitare solo et rythmique); † Rick Parfitt (chant, guitares, piano); † Alan Lancaster (chant, basse); John Coghlan (batterie, percussions)
Source: Status Quo (https://fr.wikipedia.org/wiki/Status_Quo); Hello (https://fr.wikipedia.org/wiki/Hello!_(album)
Titres Playlist: Caroline
Le design caractéristique des pochettes du groupe Yes, avec projection du logo sur des images futuristes, de paysages spatiaux, comme y fait allusion, par exemples, le titre Starship Trooper © Atlantic
Yessongs (1973)
>Yes
— Yessongs; Atlantic
Je suis au palais des Sports de Toulouse, un soir de 1991, avec Bels et Mike. Sur scène, la quasi formation à l’œuvre sur le LP live Yessongs, inclus le batteur Bill Bruford, et le claviériste Tony Kaye. Et au programme, pour l’essentiel: les titres de l’album.
J’ai ma trilogie du Progressive Rock britannique: Pink-Floyd/Genesis/Yes. Plutôt proche de Genesis par des références explicites au classique – pensons à l’intérêt des guitaristes Steven Hackett (Genesis) pour Bach et Steve Howe (Yes) pour Vivaldi – que l’on ne trouve que peu chez Pink Floyd, Yes expose la virtuosité de ses membres (John Anderson-voix; Steve Howe-guitare; Rick Wakeman-claviers; Chris Squire-basse; Bill Bruford-batterie). Mais, elle s’insère dans le continuum du morceau, quitte à le soumettre à des ruptures mélodiques, rythmiques, parfois déroutantes, qui n’est pas sans rapport avec la musique contemporaine (après tout, le concert ne s’ouvre-t-il pas sur le finale de l’Oiseau de feu de Igor Stravinsky?).
Faut-il parler, comme le firent les critiques de l’époque, de mauvaise qualité de l’enregistrement ? Je crois plutôt que le propos mélodique se déploie selon une alchimie inimitable entre plastique apollinienne (haute performance vocale de John Anderson, arpèges de Howe) et survoltage très rock, neptunien, que l’on trouve également dans les versions source de studio (albums Fragile, Close to the Edge), ou après coup dans Tales from the Topographic Ocean ou Relayer. Et je me dis que ce double album, agrégeant des concerts aux États-Unis et au Royaume-Uni, est un incontournable. Il a été certifié à 2,3 millions d’exemplaires, surtout aux USA et en RU…
Yessongs et plus généralement Yes n’ont pas, selon moi, eu un impact aussi fondamental que les aventures Beatles, Who, Pink-Floyd, Bowie, Sex-Pistols-Clash. Pour autant, je me dis qu’il ne faut pas négliger la fraîcheur des premiers opus du groupe, dans une ligne très pop-song (Yes, Time and a Word, The Yes Album). Que le second live, titré Yesshows, est d’une plastique remarquable inspirée notamment par l’album Going for the One.
Et encore que, au gré d’une trajectoire chaotique que l’on trouve quasiment chez tous les groupes, à l’exception «miraculeuse» des Rolling Stones, il y eut un album «renaissance», à savoir le LP 90125 (1983), dans une veine plus proche des débuts, et plus en phase, aussi, avec les tendances de l’époque. C’est ce que j’ai pu constater lors d’un époustouflant concert aux Arènes de Béziers (1984), lors d’une migration générale de la colonie quillannaise [vous souvient-il, O mes amis, des maisons hantées de la Grand-Rue, que nous avions désertées ce soir-là? avec une pensée particulière pour celui que nous appelions «l’Amanite»].
John Anderson (chant); Steve Howe (guitare, chant); Rick Wakeman (claviers); † Chris Squire (basse); Bill Bruford (batterie)
Source: Yes, encyclopédie Britannica, Patricia Bauer (https://www.britannica.com/topic/Yes-British-rock-group); Yessongs (https://fr.wikipedia.org/wiki/Yessongs)
Titres Playlist: And You and I; I’ve seen all good people + Owner of a Lonely Heart (90125)
•Bad Company (1974)
>Bad Company
— Bad Company; Island, Swan Song Records
Du rock direct, honnête comme en témoigne une pochette arborant simplement le logotype du groupe. © Island, Swan Song Records
Du rock simple, rapide, efficace, laborieux (au sens d’un travail honnête) entre Status Quo et Led Zeppelin, dont le label Swan Song signe l’album Bad Company. Le groupe, de la scène londonienne, est une émanation de Free (Paul Rodgers, Simon Kirke), Moot the Hopple (Mick Ralph), King Crimson († Boz Burrell). Il a continué à œuvrer jusque dans les années 2010… Ce que je sais maintenant, mais sans avoir été plus loin que l’écoute des morceaux Can’t get Enough et Bad Company. L’audience de l’album n’a visiblement pas été remarquable.
Paul Rodgers (guitares, chant; piano, tambourin); Mick Ralphs (guitare, claviers); Simon Kirke (Batterie); † Boz Burrell (basse)
Source: Bad Compagny (https://fr.wikipedia.org/wiki/Bad_Company_(groupe)
Titres Playlist: Can’t get Enough
Via la pochette du disque, son nom de groupe, la reprise du God Save the Queen, le quatuor de Queen joue astucieusement avec l’identité britannique. © Emi, Electra Records
• Queen at Night at the Opera (1974)
>Queen
— Queen at Night at the Opera; Emi, Electra Records
La référence opératique est évidemment portée par la trame mélodique/rythmique/vocale que constitue Bohemian Rhapsody, quoique le projet ait laissé dubitatifs les partenaires du chanteur † Freddie Mercury et que celui-ci ait du l’imposer au producteur. L’album, ponctué d’autres titres incontournables du groupe, met en scène avec une très grande maestria instrumentale et vocale les registres Music-Hall, du Hard-Rock (Death on Two Legs…), de la ballade pop (You're My Best Friend, Love of My Life), du rock progressif (Bohemian Rhapsody) ou encore de la musique folk (39’), sans oublier l’opéra. Et il s’achève sur un God Save the Queen, comme par un jeu de mots malicieux sur la monarchie britannique et le groupe lui-même, doublant le design de la pochette associant les armoiries du royaume et le le logo de Queen. Autant d’ingrédients qui lui ont assuré une certification de plus de 4,4 millions de ventes, principalement en USA, RU, RFA…
Je retiens aussi, dans la discographie du groupe l’album News of the World (1977), sur un registre plus rock (voire punk), avec son intro capiteuse. We will rock You/We are the Champions/Sheer Heart Attack.
† Freddie Mercury (chant, chœurs, piano); Brian May (guitares électrique et acoustique, ukulélé, koto, harpe, chant, chœurs); John Deacon ( basse, piano électrique Wurlitzer, contrebasse); Roger Taylor (batterie, percussions, guitare électrique, chant, chœurs)
Source: Queen at Night at the Opera (https://fr.wikipedia.org/wiki/A_Night_at_the_Opera); News of the World (https://fr.wikipedia.org/wiki/News_of_the_World_(album)
Titres Playlist: Bohemian Rhapsody, Love of my Life + We are the Champions (News of the World)