Années 1975-1976 (**)
Avec Atlantic Crossing, le bluesman anglais Rod Stewart connaît un succès public, sur un marché élargi. © Riva, Warner Bros
• Atlantic Crossing (1975)
> Rod Stewart
— Référence: Atlantic Crossing; Riva, Warner Bros
Peu à dire sur cet album… Juste à propos d’un titre célébrissime qui n’était, d’ailleurs, pas de sa composition: Sailing (Gavin Sutherland). Ce n’est quand même pas un hasard si le bonhomme, londonien d’origine, fit profiter d’un charme certain et d’une voix juste ce qu’il faut enrouée, claire et articulée, les futurs Fleetwood Mac, le Jef Beck Group, les Small Faces. Pourtant, c’est aux États-Unis et avec des musiciens du cru que le disque voit le jour. D’où probablement le titre du LP.
Un plus grand succès public encore viendra de Da Ya Think I'm Sexy (1978), pour lequel il fut, dit-on, condamné pour plagiat, et que j’entends (mal!) comme saturé de paillettes. Quoiqu’il en soit Sailing évoque une belle rêverie sur la mer. Autre titre de RS que je réentends : la reprise du First Cut is the Deepest de Cat Stevens (album Night in Town, 1976).
Rod Stewart (chant); Pete Carr, Jesse Ed Davis, Steve Cropper, Fred Tacket, Jimmy Johnson (guitare); Barry Beckett, Albhy Galuten (claviers); Donald « Duck » Dunn, Lee Sklar, Bob Glaub, David Hood (basse); David Lindley (mandoline, violon); Al Jackson, Roger Hawkins, Nigel Olsson, Willie Correa (batterie); The Memphis Horns (cuivres); Cindy & Bob Singers, The Pets & The Clappers (chœurs)
Source: Rod Stewart https://fr.wikipedia.org/wiki/Rod_Stewart); Atlantic Crossing (https://fr.wikipedia.org/wiki/Atlantic_Crossing_(album_de_Rod_Stewart)
Titres Playlist: Sailing, First Cut is the Deepest
• Tommy (1975), musique du film de Ken Russel
> The Who + divers
— Référence: Tommy; Polydor
La bande originale du film tiré de l’opéra-rock de 1969, par sa qualité musicale (vocaux, musique), fait oublier un film plutôt pauvre, maladroit. Elle a une dynamique (rythmes, colorations) plus marquée que la version originale, plus acoustique, d’une tristesse rose. © Polydor
Me voici aux Arènes de Fréjus, en ce mois de mai 1979 [aux côtés de Gérard/Fun et du Max]. À l’affiche: The Who… Concert événement: retour du groupe en France. C’est le printemps et ça fleure encore le Woodstock. Le public a afflué en masse. Ceux qui, nombreux, n’ont pas de billet, n’hésitent pas, dès le premier soir, à envahir illégalement le haut des Arènes. Signe d’une fièvre… Le quatuor vient pourtant d’être amputé de son prodigieux batteur, Keith Moon. Voilà Roger Daltrey, cheveux ras… Une autre bonne raison pour craindre que la corbeille de la mariée ne soit chiche, tant il est vrai que la ligne visuelle de la longue chevelure du chanteur et des fameux moulinets de Peter Townsend fait beaucoup pour la perception de la dynamique musicale.
Last but not least, les dernières productions discographiques du quartet londonien n’ont pas vraiment convaincu… Who are You ? N’est-ce pas? Tout le monde attend plutôt les titres de légende: Baba O’ Riley, Won’t get Fooled again (Who’s Next); final de Tommy (See me, Feel me, Listening to You…). Et heureusement, le service est impeccable, démontrant que Daltrey a vraiment une voix et Townshend une belle maîtrise de sa guitare (sans avoir besoin de la martyriser), côtés riffs, arpèges, côté soli, et un vrai talent pour raconter une histoire.
Les «Qui» sont, pour moi, un groupe pop-rock de référence. Et l’album Tommy (1969) n’y est pas pour rien. Que ce soit, dans sa version originale (le fameux disque à la pochette bleue et grise), très acoustique, d’une tristesse rose… Ou dans la version traduite et complétée (Prologue 1945, Bernie's Holiday Camp, Champagne, Mother and Son, T.V. Studio) pour le film de Ken Russel de 1975, où figurent entre autres Jack Nicholson, Oliver Reed et la très séduisante Ann Margret… Mais aussi, Eric Clapton (dont le jeu confine à l’électrochoc électrique), Tina Turner (en vocalise diabolique de Reine de l’acide), et Elton John (qui fait exploser la mélodie de Pinball Wizard).
Il faut regretter un film pauvre, surexposant les maladresses (bla-bla psychologique) de l’histoire, la partition musicale est inoubliable… Mais comment ne pas mémoriser l’évidente ouverture au cor anglais (j’ai le souvenir sonore et visuel, précis, du juke-box du café Le Palace, où je l’entendis pour la première fois)?
Passer à côté du maître coup rock I’am Free ? Ne pas apprécier comme un vrai final d’opéra l’enchainement We’re not Gonna to Take It/Listening to You. Cela ne m’empêche pas d’inviter mon lecteur à écouter sans ambages: le fameux concert Live at Leeds (1970), concentré de dynamite où plusieurs titres de Tommy sont déjà présents; Who’s Next (1973), considéré comme un sommet par la critique; Quadrophenia (1974), version originale, autre opéra-rock pour moi tout aussi achevé que ne l’était Tommy.
Roger Daltrey (chant); Peter Townshend (guitare, banjo, claviers, chant); John Entwistle (basse, cor français, chant); † Keith Moon (batterie, percussions, chœurs); Eric Clapton (guitare, chant); Tina Turner (chant); Elton John (piano, chant); Simon Townshend, Margo Newman, Vicki Brown, Ann-Margret, Oliver Reed, Paul Nicholas (chant).
* Source: Tommy (film, 1975) (https://fr.wikipedia.org/wiki/Tommy_(film,_1975)
Titres Playlist: Mother and Son, We’re not Gonna to Take It + Ouverture (1969)
Une captation de concert emblématisée par le morceau blues-rock de bravoure Do you Feel, où le solo de guitare est dicté par la voix, au moyen d’un artifice technique (talk box). © A&M Records
• Frampton Comes Alive (1976)
> Peter Frampton
- Référence: Frampton Comes Alive ; A&M Records
Do You feel like We do me fait l’effet d’un judicieux morceau de blues-rock, habilement soutenu par un artifice technique (talkbox) qui permet de doubler le solo de guitare avec la voix. De l’avis des experts, ce live capté sur les scènes des États-Unis assura au guitariste londonien, au demeurant plutôt bon et beau genre, à la technique très professionnelle, une aura internationale (quoique de courte durée)… À écouter aussi: Show Me the Way, quoique très «radio» américaine.
Peter Frampton (chant, guitares acoustique et électrique, guitare solo, Talkbox); Bob Mayo (guitare, piano, orgue,chœurs); Stanley Sheldon (basse, chœurs); John Siomos (batterie)
* Source: Frampton Comes Alive (https://fr.wikipedia.org/wiki/Frampton_Comes_Alive!); Peter Frampton (https://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Frampton)
Titres Playlist: Do You feel like We Do
• The Song Remains the Same (1976), film associé
> Led Zeppelin
— Référence: The Song Remains the Same ; Swan Song
Le premier live officiel de Led Zeppelin. S’il y manque la séance acoustique qui caractérise aussi la manière Led Zeppelin (voir Led Zeppelin III et IV), l’interprétation de Stairway to Heaven est particulièrement aboutie. De qui faire oublier un arrière-plan film qui tourne parfois au ridicule. © Swan Song
La première captation live officielle du phénomène Led Zeppelin. Il est doublé d’un film censé être une «galerie de portraits» des quatre compères et de leur manager Peter Grant, mais que l’on peut qualifier de très kitsch. Heureusement, il y a de fabuleuses versions, jamais égalées pour moi, de No Quarter (superbe duo Jones-Page), Stairway to Heaven (Page-Plant), The Rain Song (Page-Plant-Jones) pour la partie ballade, lyrisme. Ce tandis que Whole Lotta Love, Rock and Roll, The Song Remains the Same sont dans la pulsation unique que le groupe, avec le frappé de † John Bohnam, donne au rock’n-roll. Je m’ennuie un peu à écouter le reste, un peu trop guitar heroe (Dazed and Confused), batteur courage (Moby Dick). Dommage que n’y figurent pas des titres de Physical Graffiti (1975), que je considère comme leur album studio majeur et dont on peut faire comme s’il était inclus dans cette petite notice; tout comme le titre Over the Hills and Far Away présent sur House of The Holy.
Le quatuor était de ceux qu’il fallait «avoir vus» sur scène… Ce qui me valut une tentative avortée de migration pour leur concert de Bruxelles (1980), quelques semaines avant que le batteur poids lourd ne décède brutalement [nous l’oubliâmes, tant bien que mal, du côté des Arènes d’Orange, avec mister Grand Fun et Franck Zappa]. Je me rattrapais, plus tard, à Toulouse (1995), lors d’une tournée de l’album No Quarter enregistré avec des musiciens marocains, où figurent des versions de Kashmir, Nobody’s Fault But Mine, Friends, The Battle of Evermore… La voix de Plant fait encore chaude impression; Jimmy Page paraît plus emprunté, désabusé; les musiciens orientaux sont plutôt dans la galerie. [N’est-ce pas ce qu’il vous en sembla aussi ami Gary ?]
Robert Plant (chant); Jimmy Page (guitare); John Paul Jones (basse, claviers); † John Bohnam (batterie)
* Source: The Song Remains the Same (https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Song_Remains_the_Same)
Titres Playlist: No Quarter, Stairway to Heaven + Over the Hills and Far away (House of the Holy)
Un disque surtout connu pour la reprise, réussie, d’une chanson de la star américaine du blues-rock Bruce Springsteen. © Bronze Records
• The Roaring Silence (1976)
> Manfred Mann's Earth Band
-Référence: The Roaring Silence ; Bronze Records
Je garde le souvenir de Blinded by the Light, pop song écrit et chanté originellement par Bruce Springsteen, avec son attaque au clavier. Il étincelle plutôt qu’il n’aveugle, résonne gaiement. Formé à Londres, mais avec pour leader le claviériste sud-africain Manfred Mann, ce groupe est représentatif de la vague rock progressif, art-rock des années 1970…
Manfred Mann (clavier, chant); Dave Flett (guitare); Chris Hamlet Thompson (guitare, chant); Colin Pattenden (basse); Chris Slade (batterie, percussions, chœurs)
* Source: Manfred Mann Earth’s Band (https://fr.wikipedia.org/wiki/Manfred_Mann%27s_Earth_Band!); The Roaring Silence (https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Roaring_Silence)
Titres Playlist: Blinded by the Light
• Wings over America (1976)
> Paul Mc Cartney&Wings
- Réference: Wings over America; Capitol
Pour cet album, qui inclut les titres phares de la carrière de l’ex-bassiste des Beatles, et quelques standards des Fab Four, Paul Mc Cartney est accompagné, en particulier, par son épouse Linda, qui devait décéder en 1998. © Capitol
Le premier et spectaculaire album concert du plus talentueux des «Fab Four» Paul Mc Cartney: composition de la musique et des textes, sens mélodique, maîtrise instrumentale et orchestrale. Cet album regroupe des concerts donnés aux États-Unis. La tonalité d’ensemble est très Beatles dynamisé, parfois un peu emphatique, mais ne laisse pas d’apprécier la «madeleine» de la reprise du célèbre Yesterday. Et puis, il y a ces titres phares des premiers albums de PMC : Venus and Mars, Jet, Maybe I'm Amazed, Let'em In, Silly Love Songs; Letting Go, Band on the Run. Sans oublier un certain Live and Let Die, connu pour avoir accompagné les aventures de James Bond et introduit une émission politique de la télévision française.
A leur écoute, je ne peux m’empêcher de penser à la passion du regretté † Claude/Momo. Certes, j’ai déserté ce qui a été produit après.
Paul McCartney (basse, piano, chant); † Linda McCartney (clavier, chant); Denny Laine, Jimmy Mc Culloch (guitare, chant); Howie Casey, Thaddeus Richard (saxophone); Joe English (batterie, chant)
* Source: Wings Over America- The Paul McCartney project (https://www.the-paulmccartney-project.com/album/wings-over-america/)
Titres Playlist: Let’em In, Band on the Run, Yesterday
Les Rolling Stones sont le seul groupe à avoir survécu, juqu’aujourd’hui, à l’époque glorieuse des Sixties-Seventies. S’il n’est pas le plus apprécié par les fans, Black and Blue a quelque chose de la chaleur d’un pub, direct, simple, retenu. © Rolling Stones Records
• Black and Blue (1976)
> The Rolling Stones
- Référence: Black and Blue; Rolling Stones Records
C’est sans illusion sur ce que je vais m’entendre dire par les inconditionnels des Stones [par exemple Christian/Gary, Philippe/Le Mage] que je défends cet opus de 1976… Le fait est que je n’ai apprécié qu’occasionnellement leur quelque chose de trop américain, exhibitionniste (du blues, du rock, où ils excellent, certes), quand leurs ballades à l’anglaise (Angie, Wild Horses) me semblent un peu fades. Mais, donc, ici, j’éprouve quelque chose de chaud comme dans un pub. Le ton est unifié, le propos direct, quels que soient le tempo, le registre d’origine (blues, rock, ballade). Mes préferences vont aux titres Hot Stuff, Hand of Fate, Fool to Cry.
Pour me réconcilier avec les fans précités, je consens à noter que les Stones sont le seul des groupes de cette glorieuse époque à avoir survécu jusqu’aujourd’hui et cela sans perdre de son aura. Et j’ajoute qu’il y a quand même un LP live dans lequel je peux trouver quelque «satisfaction», c’est le fameux Get Yer Ya-Ya's Out (1970) et ses titres cultes: Jumpin' Jack Flash, Sympathy for the Devil, Honky Tonk Women, Street Fighting Man et bien sûr I can’t get no Satisfaction. Et puis, je veux quand même signaler le premier album solo titré à l’éponyme de Mick Taylor (1970), guitariste des «Pierres qui roulent» de 1969 à 1974. Un tout autre style que celui de Keith Richards ou de Ron Wood, plus mélodique, fluide, sur des bases blues et folk.
Mick Jagger (chant, percussion, piano, guitare); Keith Richards (guitare, basse, piano, chant); Bill Wyman (basse, percussion); † Charlie Watts (batterie, percussion) + Ronnie Wood (guitare)
Source: Black and Blue (https://fr.wikipedia.org/wiki/Black_and_Blue)
Titres Playlist: Hot Stuff, Fool to Cry + Jumping Jack Flash (Get Yer Ya Ya’s Out)